L'homme est soumis aux vicissitudes de la vie, au même titre que les autres êtres vivants et à leur différence, à tous. C'est qu'il est doté d’une responsabilité sur son devenir et celui de l'humanité. Dans la tradition abrahamique, il est vicaire (khalîfa) du divin sur terre. Son dépôt consiste en la gestion du monde et ce dont il a la capacité dans l'Univers et dont il rendra compte au plus Haut. C'est dire la solennité et la gravité de sa mission. Dans sa régie, il doit veiller à un équilibre entre les exigences égoïstes, les devoirs éthiques, les obligations spirituelles.
Si au nom de la justice, il doit vaquer à remplir les obligations individuelles et communautaires ainsi que divines de façon équilibrée, la dimension spirituelle lui est prépondérante. En effet, tout participe de cette disposition, des actes rituels, aux droits d'autrui, en passant par le respect de soi. L'humain est ainsi un être spirituel de première importance. Cette dimension lui fait partager les émotions, tel que joie, tendresse ou tristesse, et donne sens à son humanité.
Quoi de plus transcendant, en effet, que l'égalité et la fraternité humaines, l'amour du prochain, l'altruisme, la reconnaissance d'un bienfait ou la promotion des valeurs éthiques tels que la justice, le respect, l'altruisme ou la pudeur?! Quoi de plus exaltant que la liberté, la sincérité, l'émerveillement ou encore la permanence du lien au divin, jusque dans les choses les plus anodines?! Ainsi le quotidien est-il empli de spirituel, jusqu'à l'acte civique qui consiste à enlever quelque chose de nuisible sur un chemin, décrété par le Prophète comme le niveau le plus bas de la foi, en deçà duquel aucune foi ne vaut. Voilà la citoyenneté spirituelle à la façon islamique. Mais l'être humain qui assumera son rôle avec sincérité fera une non anodine. Voilà une spiritualité dans les actes citoyens.
Là-bas comme ici, prend sens l'instruction divine : "Dis: certes ma prière, mes actes d'adoration, ma vie et ma mort sont voués à Dieu, sans nul associé. Cela m'a été enjoint et je suis le premier à m'y soumettre." [Coran, Les Bestiaux VI/162-163].
Cette communion des valeurs citoyennes, éthiques et spirituelles sont le cheval de bataille de la commission "Citoyenneté et Spiritualité" et leur promotion constitue sa mission. Cela constitue d'autant plus un défi devant les enjeux sur l'avenir institutionnel, politique, économique, culturel et éducatif de Mayotte et la crise identitaire qui couve dans sa jeunesse.
Abdoul-Karime BEN SAID, Secrétaire général